Pourquoi ?
Les incubateurs, les espaces de formation et d’innovation numérique se développent de manière exponentielle en Afrique ces dernières années. Les communautés se créent, se consolident, construisent ensemble des mécanismes d’échanges, et sont en phase avec les impératifs de développement socio-économique. Ces espaces communautaires et les nouvelles compétences développées peuvent faire émerger des projets innovants et à fort potentiel de transformation à même de renforcer le gouvernement ouvert.
La mobilisation, dans la durée, d’une communauté d’acteurs variés autour des objectifs du gouvernement ouvert est indispensable. Agents publics, représentants de la société civile, universitaires, étudiants et entrepreneurs : tous ont une place à prendre dans la transition vers un gouvernement ouvert.
Les cas pratiques
En pratique
S’il existe une multitude d’approches et de façons de faire pour construire des communautés apprenantes et innovantes, elles répondent toutes à des valeurs et des principes communs :
- La bienveillance et l’écoute désintéressée des acteurs : la capacité des organisateurs à créer un cadre de confiance, libéré des aprioris des postures d’autorité ou de hiérarchie sociale, est centrale à l’intégration d’acteurs habituellement éloignés ou repoussés des lieux d’innovations ;
- La primauté de l’action et du « faire » plutôt que le dogme : l’expérimentation est au centre de toute démarche d’innovation. Plutôt que de discuter, il s’agit ici de « mettre les mains dans le cambouis » et de faire confiance à l’intelligence collective ;
- L’approche itérative : par le prototypage puis le test auprès des utilisateurs, les idées sont rapidement éprouvées plutôt que d’être présenté au monde après des mois de travail, assurant ainsi la réussite du projet. Les boucles itératives raccourcies permettent aux projets d’avancer par étapes et d’adapter leurs produits ou services en fonction des retours de terrain;
- L’attention portée à la radicalité : l’innovation radicale est aujourd’hui à l’origine des projets les plus salués. Par de nouveaux procédés, par une approche contre-intuitive, par une volonté de repartir de zéro : les acteurs de l’innovation s’affranchissent des codes et des cadres de production et inventent de nouveaux marchés, de nouveaux usages. Pour détecter ces potentiels d’innovation, développer une posture d’écoute est primordiale.
Au-delà des valeurs, des contingences matérielles, méthodologiques et spatiales sont nécessaire pour provoquer l’innovation :
- La création d’un lieu ou d’événements réguliers permettant à la communauté de se construire, de se rencontrer, de se retrouver est centrale.
- La proposition d’un cadre d’action et d’activité est également nécessaire pour organiser les échanges et assurer la productivité des échanges (design thinking, facilitation, mindmapping, etc.). De nombreuses méthodes existent pour faire émerger ou pour mener à bien des projets co-construits à l’aide de l’intelligence collective.
- La mise en place d’outils de communication numérique (si possible) pour assurer une continuité des échanges : réseaux sociaux, forum, salon de discussion. Tous ces supports permettent de mobiliser et d’informer les acteurs. Ces canaux doivent être clairement présentés, peu nombreux et actifs (parfois par une action d’animation de la part des organisateurs).
- Le recours au mécénat de la part d’acteurs publics ou privés : l’apport de fonds est nécessaire dans un second temps pour assurer la pérennisation des projets ou leur changement d’échelle. Un travail de partenariat ou de plaidoyer auprès d’acteurs majeurs est nécessaire. Attention, la négociation ne doit pas se faire au détriment de l’indépendance des projets, ni au détriment de la liberté d’action des porteurs de projet.
Nous souhaitons également mettre en garde sur un certain nombre d’écueils qui écorchent les capacités d’innovation des communautés.
Les écueils à éviter
- Le solutionnisme numérique : véritable tropisme de toute communauté innovante, le solutionnisme numérique consiste à proposer par défaut et par « effet de mode » une approche numérique unique aux problématiques présentées. Attention à maintenir une distance critique : une plateforme numérique est, entre autre, souvent excluante, difficile à faire évoluer dans le temps et difficile à faire adopter par ses utilisateurs potentiels. Peut-elle vraiment répondre à la problématique ?
- L’éparpillement des projets : dans un souci d’équité et de volonté d’apparaître active, certaines communautés s’empêchent de dire non à des projets fébriles ou voués à l’échec. Il est crucial de réunir la communauté autour de 2 ou 3 projets phares dont le développement mobilise à tour de rôle toutes les énergies et toutes les expertises.
- L’instrumentalisation politique : le recours au soutien politique est à double tranchant. D’un côté, il peut apporter une visibilité et un soutien symbolique non-négligeable au projet et accélérer sa mise en œuvre. De l’autre, il peut déposséder le projet de ses porteurs et précipiter sa chute ou sa dénaturation en un objet de communication politique de court terme. Il est donc nécessaire d’approcher les responsables politiques avec un discours et des propositions claires et bien mûries.
- La récupération commerciale : les investisseurs privés sont à traiter avec respects mais prudence. Un projet lié au gouvernement ouvert a-t-il vraiment vocation à bénéficier d’un soutien privé ? Les contrats proposés peuvent-ils toujours garantir le service de l’intérêt général ? La pérennisation promise par la mise sous licence (propriété intellectuelle) ne condamne-t-elle pas le projet ?
Les cas d’études
Le séminaire régional #PAGOF a permis de présenter 3 bonnes pratiques et expériences réussies en matière d’innovation pour renforcer les capacités et mobiliser les écosystèmes:
- Côte d’Ivoire - L’incubateur O’Village, un espace d’innovation aux technologies ouvertes
- France - Entrepreneur.e d’intérêt général (EIG) par Etalab
- Tunisie - El Space, hub d’innovation social